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  • Écologie, une science ignorée par l’écologie chrétienne !

    En lisant une récente publication dans le journal scientifique Biological Review (2022), que m’a envoyé Philippe Bouchet, prof. au Muséum National d’Histoire naturelle de Paris, un bon collègue et co-auteur de l’article intitulé The Sixth Mass Extinction: fact, fiction or speculation? j’en ai extrait la phrase - traduite en français - : Nier la crise, l'accepter simplement et ne rien faire, ou même l'embrasser pour le bénéfice ostensible de l'humanité, ne sont pas des options appropriées et ouvrent la voie à la Terre pour continuer sur sa triste trajectoire vers une sixième extinction de masse [Denying the crisis, simply accepting it and doing nothing, or even embracing it for the ostensible benefit of humanity, are not appropriate options and pave the way for the Earth to continue on its sad trajectory towards a Sixth Mass Extinction].

    Cet extrait peut être mis en comparaison avec celui d’une décision majeure sur l’écologie (sic) du Synode national de l’Eglise Protestante Unie de France (EPUF) en 2021 à Sète : La notion « image de Dieu » confère à l’humain une position singulière qui le place dans une interrelation triangulaire entre Dieu, lui et le monde naturel et sauvage. Cette prétention théologique judéo-chrétienne n’est en rien écologique, mais environnementale ; elle s’inscrit aussi dans le mouvement d’origine catholique nommé Eglise verte qui confond création, évolution, écologie et nature (Emig, 2019).

    En effet, le mot écologie a été inventé en 1866 par Ernst Haeckel (1834-1919), un médecin, zoologiste, philosophe et libre penseur allemand, selon la définition originelle :

    • Oecologie (Ökologie) - die gesammte Wissenschaft von den Beziehungen des Organismus zur umgebenden Aussenwelt, wohin wir im weiteren Sinne alle „Existenz-Bedingungen“ rechnen können. Diese sind theils organischer, theils anorganischer Natur; sowohl diese als jene sind, wie wir vorher gezeigt haben, von der grössten Bedeutung für die Form der Organismen, weil sie dieselbe zwingen, sich ihnen anzupassen“ (p. 286).
    • Traduite en français : écologie : la science des relations de l’organisme avec le monde extérieur environnant, ce qui recouvre, au sens large, toutes les « conditions d’existence ». Celles-ci sont en partie de nature organique, en partie de nature inorganique - et sont de la plus grande importance pour la forme des organismes, les forçant à s'y conformer.

    Il n’y a aucune prédominance d’une espèce par rapport aux autres, chacune ayant sa place, sauf que la nôtre n'y est plus du tout.
    Alors, pour pouvoir garder à notre espèce sa place autoproclamée de dominant, le terme d’environnement a été créé dans une vision anthropocentrée, par Jollivet & Pavé (1993) sous :

    • environnement = ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d'agir sur les organismes vivants et les activités humaines,
    • et en 1994 : l'environnement est l'ensemble des systèmes naturels ou artificialisés de l'écosphère où l'homme s'est installé, qu'il exploite, qu'il aménage, et l'ensemble des systèmes non anthropisés nécessaires à sa survie.

    Le terme environnement a été remplacé par celui d’écologie par des partis politiques français exclusivement (pour faire « moderne » et pseudo-scientifique au mépris volontaire de la définition scientifique), au point qu’aujourd’hui ce mot devenu totalement galvaudé n’a plus aucun sens, sauf que le premier but comportemental de notre espèce est devenu le porte-monnaie. L’église Protestante Unie de France s’y est inscrite loin du résultat souhaité d’une l’hypothétique et impossible sauvegarde de la Création, prônée par les théologies contemporaines de la création (Emig, 2009, 2019).
    En effet, c’est ignorer que les cinq crises majeures, la dernière datant d’il y a 65-66 M.A., et des dizaines secondaires, ont toutes eu lieu sans la sauvegarde humaine de la Création, car les espèces humaines ne sont connues que depuis quelque 3,5 M.A. ! Et aujourd’hui nous ne sommes qu’une espèce vivante parmi des millions sur Terre. Alors, que changerait (ou si nous continuons, changera) notre extinction comme pour la vingtaine d’espèces humaines avant nous suite à des changements écologiques ? Et nous ne pouvons omettre que quatre furent contemporaines de la nôtre, dont une, Homo neanderthalensis, est présente dans notre ADN.

    Réfuter les connaissances scientifiques qui invalident des interprétations bibliques des théologiens est une réalité séculaire (500 ans avant de réhabiliter Galilée !). Or, pour le scientifique qui étudie la Création, la vraie et son évolution (prenant celle biblique comme un récit de la connaissance antique) et qui croit qu’il existe un Dieu Créateur, sa connaissance scientifique fondamentale le fait disciple du Verbe du Créateur. Il n’y a pas débat entre Science et Théologie, cette dernière commence là où s’arrête la connaissance de la première (Emig, 2009). Or, la Science progresse tous les jours obligeant la Théologie à un fondamental de la Création toujours évoluer ! pour s'inscrire, comme la Science, dans le temps biblique d'aujourd'hui.

    Et à relire dans la Bible, quand Paul aux Corinthiens 1, 15 : 46 écrit « Mais ce qui est spirituel n'est pas le premier, mais ce qui est animal ; ensuite ce qui est spirituel. »

    Références

    Cowie R.H, Bouchet P. & B. Fontaine (2022). The Sixth Mass Extinction: fact, fiction or speculation? Biological Reviews,  97 (2),  640-663.

    Église protestante unie de France (2021). Synode national : Ecologie, quelles(s) conversion(s). https://acteurs.epudf.org/une-decision-synodale-majeure/? Consulté le 5 septembre 2022.

    Emig C. C. (2008) La naissance du temps et ses conséquences. In : Penser le temps... Actes du 129e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques (Besançon, 2004). Collection orientations et méthodes, 11. Éditions du CTHS, Paris, p. 51-62.

    Emig C. C. (2009). Science et Théologie : quelques bases pour renouveler le débat. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_01-2009, p. 1-6.

    Emig C. C. (2019). Une église verte… labélisée.
 Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_02-2019, p. 1-7.

    Emig C. C., Bonin G. & D. Bellan-Santini (1995). Milieux naturels - Milieux anthropisés. Quel avenir pour l'Ecologie? In : Functioning and dynamics of natural and perturbed ecosystems. Bellan-Santini D., Bonin G. & C. C. Emig (Eds). Lavoisier, Paris, p. 8-14.

    Haeckel E. (1866). Generelle Morphologie der Organismen. Allgemeine Grundzüge der organischen Formen-Wissenschaft, mechanisch begründet durch die von Charles Darwin reformirte Descendenz-Theorie. Reimer, Berlin. Band 2, p. 286 (462 p. + 8 Pl.).

    Jollivet M. & Pavé A. (1994). Les termes d'une approche et d'une programmation scientifiques. Lettre du Programme Environnement, vie et sociétés: Plan d'action 1995-1998, suppl., p. 5-17, CNRS, Paris.

    Ramade F. (2002). Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement. Dunod, Paris, 2e édition, 1100 p.

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    Christian de Mittelwihr




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