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  • Après la Sauvegarde de la Création :                
                    voici le Temps pour la Création

    La 2e édition (en cours) de Sauvegarde de la Création [1] est nommée Season of Creation ce qui pose d’entrée deux points à définir pour ce qui est appelé la Sauvegarde / Season et ce qu’est la Création.

    • Sauvegarde
      Ce mot Sauvegarde a plusieurs définitions (voir Atilf) et nous prendrons celui couramment utilisé de nos jours et d’un usage quotidien en informatique à savoir opération qui consiste à recopier un ensemble de données pour éviter leur perte systématique ou accidentelle et, bien que non défini par les chrétiens, c’est bien celui qu’une dite « théologie écologique » prônait notamment en Allemagne, où un pasteur proposait de remplacer la pelouse autour de l’église [2]  par une variété de plantes venant de toutes les régions de monde pour sauvegarder la biodiversité. C’est évidemment par ignorance de ce qu’est la biodiversité et plus largement un écosytème. Rapidement en contradiction avec les connaissances écologiques, le débat est noyé dans la théologie, car non seulement scientifiquement inapplicable mais aussi politiquement. Et il se cantonne dans le jardin d’Eden comme si nous n’avions pas croqué la pomme de la Connaissance (voir ci-dessous).

    • Season
      Selon le site web seasonofcreation.org : « la famille Chrétienne internationale a pris conscience du besoin urgent de réparer notre relation avec la création ainsi qu’avec notre prochain pendant le Temps pour la Création œcuménique » et pour découvrir « de nouvelles façons radicalement différentes de vivre en harmonie avec la création » mais en précisant « agir pour notre maison commune ». Le titre change mais le but reste le même totalement anthopocentré et biblique, donc environnementaliste et sans une once d’écologie... vraie [3] – voir aussi Blogade 17.

    • Création
      Sans jamais définir ce qu’est la Création, le rassemblement de Bâle en 1989 mentionnait : « Le Dieu Créateur soutient et aime toutes ses créatures. C’est pourquoi elles ont toutes le droit à la vie. Le Créateur a donné une place spéciale à l’humanité au sein de la création. … Nous devons être les intendants dans le monde de Dieu. Intendance ne signifie possession [4] » et « Puisque l’humanité tout entière est ordonnée en vue de la gloire de Dieu, elle doit être intendance et servante, à la fois de Dieu et de la création entière elle-même. »
      Aujourd’hui, une initiative mondiale œcuménique propose comme thème pour 2021 « Une maison pour tous ? Renouvellement de l’Oikos de Dieu » afin de renouveler la relation des chrétiens avec leur Créateur et avec toute la création en célébrant, en changeant et en s’engageant à agir ensemble. Résultats sur Facebook ! C’est le temps pour rappeler les versets de Genèse dont 1, 28 et aussi 2, 15 : L'Eternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder. Or, en croquant la pomme de l’arbre de la connaissance, il a été « chassé » par Dieu du jardin d’Eden !
      Face à la source biblique dans la tradition chrétienne, à la fois anthropocentrée et théocentrée, il faut brosser la réalité de l’évolution depuis la création de l’Univers, puis de l’apparition de la vie sur Terre, voire sur d’autres planètes, à partir de la connaissance scientifique, ce qui n’exclut pas l’existence d’un Dieu Créateur. Ce dernier point exigerait une refonte de l’interprétation chrétienne, à partir des connaissances scientifiques actuelles et un théocentrisme où Dieu est DANS sa création donc SOUMIS à son évolution. La théologie devenant ce qu’elle aurait toujours dû rester : du domaine du spirituel au-delà de la connaissance humaine (Emig, 2008, 2009, 2019), qui, elle, est en évolution constante par la Science [5]. Or, le problème millénaire pour toutes les religions est que l’accroissement de la connaissance finit par remettre en cause des croyances (Blogade 15) en rendant obsolète des dogmes et des interprétations bibliques jusqu’à des écrits eux-mêmes : en conséquence, un rejet des découvertes et lois pourtant issus de la Création elle-même afin de pouvoir maintenir un conservatisme religieux d’un autre millénaire et ainsi devenir de plus en plus intégriste en réaction à l’accroissement de la Connaissance. Parfois, des chrétiens ne veulent accepter que la vieille querelle entre la théologie et la science avait été définitivement perdue par la théologie.

    Le changement écologique, lié à l’actuelle période interglaciaire, en cours depuis environ 10 000 ans a été récemment renforcé par l’activité humaine et sa durée continuera sûrement sur plusieurs milliers à dizaines de milliers d’années. Les espèces humaines qui nous ont précédées [6] se sont éteintes suite à des changements écologiques. Ce n’est pas la Création qui a besoin de sauvegarde c’est Homo sapiens. Nous en avons eu un flash lors du confinement de l’homme avec la nature qui a repris momentanément des « couleurs ». De tels changements avec forts renouvellements de la faune et de la flore, notre Terre en a connu des dizaines, tous savent que la nature au cours de l’ère Primaire (ou Paléozoïque) était totalement distingue de la nôtre aujourd’hui, qui, elle, vient en majeure partie du début de l’ère Tertiaire (ou Cénozoïque).

    Comme la première tentative de sauvegarde chrétienne, cette nouvelle est vouée à l’échec car toujours hors du temps et de l’évolution même de la Création du Dieu Créateur. Un point vital pour notre espèce, que nous, à l’image de Dieu, avons négligé fort de notre mission sur Terre au nom de Dieu (Blogade 17), concerne les interrelations mutuelles entre populations au sein d’un écosystème, car tout déséquilibre entraîne une évolution du milieu, donc un changement écologique. Des impacts qu’aujourd’hui encore nous ne savons ni prévoir ni anticipés dans leur globalité. Et toute erreur a vite des conséquences catastrophiques, parmi lesquelles celles des agriculteurs qui se pensaient être les jardiniers de la Terre, abusant de pesticides et pensant ainsi pourvoir nourrir une "humanité" à surpopulation galopante, et aussi celles des urbanistes, économistes, politiques, etc. ! Et toutes ont abouti à un fort renforcement du changement écologique en cours, dont celui du climat est la prémisse.

    Il est plus que temps pour l'espèce animale Homo sapiens de revenir sur terre !

    Quelques références et liens …

    Arnaud P. M. & C. C. Emig, 1987. La population, unité fonctionnelle de la biocoenose. Acte Coll. Nat. CNRS Biologie des populations, Lyon 1986, p. 69-72.

    Atilf. Trésor de la Langue Française informatisé. CNRS & Univ. de Lorraine,  http://atilf.atilf.fr/

    Blanch A. (ed.) (1999). El sentido del hombre en el Universo. Estudios interdisciplinares, Universidad pontifica Comillas, Madrid, vol. XXV, 230 p.

    Chevalier M. et al. (1993). Justice, paix, sauvegarde de la création. Réflexions pour en vivre. Oberlin, Strasbourg, 139 p.

    Dutour O. et al. (eds) (2005). Origine et évolution des populations humaines. CTHS, Paris, 398 p.

    Castelnau G. (1989). Justice, paix, sauvegarde de la création. Autres Temps. Les cahiers du christianisme social, 21, p. 75-84.

    Emig C. C. (2008). La naissance du temps et ses conséquences. In : Penser le temps... Actes du 129e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques (Besançon, 2004). Collection orientations et méthodes, 11. Éditions du CTHS, Paris, p. 51-62.

    Emig C. C. (2009). Science et Théologie : quelques bases pour renouveler le débat. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_01-2009, p. 1-6.

    Emig C. C. (2019). Une église verte… labélisée. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_02-2019, p. 1-7.

    Emig C. C., 2020. Mes articles dans la presse écrite protestante. Série "Mots de Mémoires", vol. 1, Edition CdM Créations, Marseille, 54 p.

    Eglise verte (2021). Temps pour la création 2021. Newsletter #14

    Season of creation (2021) - https://seasonofcreation.org/

    Nota : les spécialistes des domaines scientifiques traitant du changement écologique (climat inclus) publient plusieurs dizaines d’articles scientifiques par mois.


    Christian de Mittelwihr



    Notes :

    [1] Un résumé de la première édition nommée Justice, Paix, Sauvegarde de la Création a été publié en 1993. Elle a été initiée par le Rassemblement Œcuménique Européen de 1989 à Bâle.

    [2]  L’usage du mot païen de temple pour désigner une église protestante est une exclusivité française.

    [3] L’écologie dite politique est strictement anthropocentrée et n’est en rien écologique mais environnementaliste, c’est-à-dire l’homme au centre de la nature. Une spécificité française - ailleurs ce sont des Verts. L'usurpation d'un terme scientifique a amené en France (seulement) les écologistes (les scientifiques) à se nommer écologues.

    [4] Mais permet la domination qui le plus souvent s’opère sans être possesseur de l’« objet » soumis à domination !

    [5] Un vœu pieux - car il a fallu 500 ans à l’église catholique pour réhabiliter Galilée !

    [6] Rappelons que nous possédons des gènes hérités d’Homo neanderthalensis. Et nous devrions nous rappeler que cette espèce cousine a subi une extinction sous changement écologique, il y a 30-40 000 ans. Aujourd'hui, il se pourrait fort bien que cela soit notre tour !


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    Blogade 18 - Mise en ligne le  17 septembre 2021

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