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  • Croyances et fake news [1]

    En ces temps de bouleversements écologiques croissants, induits par l’Homme qui n’a pas voulu entendre [2], encore moins écouter, les avertissements des scientifiques depuis une cinquantaine d’année, l’espèce humaine, et elle seule, arrive face au mur sans pour autant l’admettre et vouloir tout faire pour revenir à la vie antérieure, celle du siècle dernier.
    Le dernier marqueur du changement sociétal a eu lieu en l’an 2000 avec la bascule grand-public dans le numérique. Malgré les alertes scientifiques appelant à l’évolution rapide de nos modes de vie et de travail, nos sociétés ont introduit une notion de résilience notamment en philosophie (sens large), modifiant la définition scientifique. Or, pour qu’il y ait résilience, il faut que les changements drastiques finissent par s’arrêter et dans l’évolution de la situation mondiale actuelle, ces changements sont croissants au moins pour un siècle. En tout cas, plus nous espérons en retour au passé et plus nous les subissons. Cette résilience existe probablement chez toutes les espèces, mais face à un changement « définitif », seule la capacité à évoluer rapidement est possible, ce qui se traduit souvent par s’adapter pour survivre, sinon c’est l’extinction. Mais l’évolution conduit à une nouvelle espèce qui a acquis par mutation génétique le(s) nouveau(x) caractère(s) pour vivre (et non survivre) dans le nouvel environnement.

    L’espèce humaine est face à sa capacité de s’adapter, voire évoluer vers une nouvelle espèce, c'est-à-dire des bonds très rapides en avant avec des changements drastiques dans le mode de vie : on peut traduire politiquement, mais aussi religieusement, ces deux concepts, hors idéologie, en conservateurs et progressistes, seuls ces derniers auront une chance de survie. Trois facteurs pourraient rapidement devenir limitant : surpopulation, température et eau. Piscines et climatiseurs deviendront des éléments aggravants !

    Une croyance naît à partir de la non-connaissance, ou aujourd’hui de l’ignorance, c’est-à-dire de la méconnaissance du phénomène qui a engendré cette croyance. Et aujourd'hui, quand cette croyance se diffuse, notamment sur le Web, elle s'appelle une fake news [3] (aussi nommée infox en français). Ce sont les connaissances scientifiques qui, depuis des siècles, infirment les croyances. Sauf qu’aujourd’hui, cette connaissance dépasse l’individu, fut-il scientifique, tant elle s’accroît rapidement. Depuis plus d’un siècle, cette connaissance à au moins 20 ans d’avance sur celle acquise par le grand public : un espace dans lequel s’engouffrent aujourd’hui de nombreuses et diverses personnes, structures, mouvements, associations, partis, sectes, etc. profitant de cette ignorance et jouant de propos fallacieux et populistes, mais accrocheurs. Notre crédulité est aussi immense que notre ignorance, évidemment… car les deux points ont une relation directe entre elles ! Ces croyances sont souvent dirigées contre un responsable qui est forcément autrui, toujours bouc émissaire. Cela s’applique dans notre quotidien jusqu’à nos gestes devenus habituels, encore faut-il le savoir ! Et pour pouvoir perpétuer nos croyances « à l’insu de notre plein gré », on abuse parfois du drapeau bleu-blanc-rouge et de sa devise liberté-égalité-fraternité.

    Un exemple devenu croyance et aujourd’hui fake news se lit dans la Genèse chapitre 1 verset 28 de la Bible « et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre » : à l’époque, au Néolithique précéramique, la population humaine mondiale était estimée à environ 200 millions d’individus. La Palestine (carte) se situait dans le Croissant fertile où des populations locales sont passées les premières du mode de vie de chasseurs-cueilleurs nomades à celui de cultivateurs-éleveurs sédentaires.

    Ce fut le résultat des changements climatiques drastiques de la fin du Pléistocène : nous entrons dans le réchauffement de l'actuelle l'interglaciation (en cours et que nous aggravons), faisant suite à la dernière glaciation, celle de Würm : l’aridité et la sécheresse conditionnaient la concentration des humains, de la végétation et de la faune à proximité des sources d’eau ; la compétition dans la recherche de nourriture conduira au contrôle des plantes et des animaux par les humains. Bien qu'étant une activité plus épuisante que la chasse, l'agriculture s'est avérée un choix inévitable devant de nouvelles contraintes écologiques. Cette période est aussi celle où toutes les aires habitables de la planète sont en cours d'être occupées. Aussi, le verset cité ne fait que justifier par Dieu de développer au mieux les ressources nécessaires pour les populations en croissance démographique mais dans un espace limité. Ainsi, dans les religions judéo-chrétiennes, l'Homme est devenu le fils de Dieu et l'agriculteur le jardinier de la Terre s'appropriant petit à petit tout l'espace (dite la Nature) au détriment des autres espèces (dite la Biodiversité), toujours en suivant le commandement de Dieu, une croyance toujours en vigueur et traditionnellement véhiculée, sans aucune analyse sur sa non-justification scientifique, au moins depuis 2-3 siècles.

    Depuis une cinquantaine d'années, les scientifiques avertissent des effets dramatiques de la bombe-P (P comme population, donc de la surpopulation humaine), sans effet face aux économistes et autres défenseurs d'une Humanité qui n'existe pas, prônant notamment « plus nous sommes nombreux et mieux nous vivrons » et nous sommes tous frères ! Approchant les 8 milliards d'individus et subissant les premiers éclats de la bombe-P, quand est-ce que cette prétendue Humanité va-t-elle se rendre compte des conséquences de ses croyances fallacieuses et des effets létaux de ses fake news ? Certes, cela est difficile à entrevoir en cette période de covid, où l'égoïsme de chacun, sans aucun altruisme réfléchi, pousse à trouver un bouc émissaire pour couvrir sa propre responsabilité.

    C'est bien-sûr oublier que les lois de l'évolution (de la Nature), héritées de la Création, font que se sont les faibles et les malades, d'abord jeunes et âgés, qui seront atteints quoique nous fassions, car plus les changements écologiques croissent et moins nous auront les moyens d'y faire face. Les assurances ont déjà averti il y a 10 ans et la "menace" se précise, combien pourrons-nous payer tout en assurant une solidarité quand sa propre survie va être en jeu ?

    Les religions, catholique, protestante, islamique, juive, tentent d'aborder ce problème scientifique en utilisant leur langage, leur foi, leurs credo, sans rapport avec la raison ou la conviction et vérité scientifique. Cette dernière est par essence toujours baignée par le doute, pas la foi [4]. Lorsqu’on considère la Bible comme ce qu’elle est, à savoir un simple document très ancien écrit par l’homme – donc peu fiable –, précieux mais absolument pas scientifique, il n’en reste pas grand-chose des connaissances scientifiques de l'époque. Le changement écologique est une réalité mesurable qui est un risque pouvant être létal pour l’homme : il n’est pas nécessaire d’avoir la foi pour y croire mais en oubliant les croyances religieuses qui sont elles-mêmes soumises à la connaissance scientifique.  Or, celle-ci est issue bibliquement du péché originel (pour les catholiques) quand Eve a croqué la pomme de la connaissance, rendant irréconciliables ces religions et la Science.

    Et le verset 31 du même chapitre 1 : « Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour. »

    Quelques références…

    Bellan-Santini D., Bonin G. & C. C. Emig (Eds) (1995). Functioning and dynamics of natural and perturbed ecosystems. Lavoisier, Paris 821 p.

    Bernigaud N., et al. (2021). Quantification de la production agricole, climat et démographie durant l’Age du Fer en Provence. L’apport de la modélisation agrosystémique et multi-agents. L’Europe des matières premières au 1er millénaire av. n. è. - 45e colloque international de l’AFEAF, 2021, Gijon.

    Borrello M. A. (2015).  La recherche archéologique et les origines de l'agriculture. Le Globe - Revue genevoise de géographie, 155, 9-31.

    Ehrlich P. (1968). The Population Bomb. New York, Ballantine Books.

    Ehrlich P. R. & A. H. Ehrlich (2009). The Population Bomb Revisited. Electronic Journal of Sustainable Development, 1, 63–71.

    Emig C. C. (2009). Science et Théologie : quelques bases pour renouveler le débat. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_01-2009, p. 1-6.

    Emig C. C. (2010). De la renommée à l’oubli : l’effet baudruche. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_01-2010, p. 1-8.

    Emig C. C. (2019). Une église verte… labélisée. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_02-2019, p. 1-7.

    Emig C. C. (2020). Mes articles dans la presse écrite protestante. Série "Mots de Mémoires", vol. 1, Edition CdM Créations, Marseille, 54 p.

    Emig C. C. & P. Geistdoerfer (2004). The Mediterranean deep-sea fauna: historical evolution, bathymetric variations and geographical changes. Carnets de Géologie/Notebooks on Geology, 04/A01/CG2004_A01, 10 p., 4 fig., 3 tabl.

    Guiot J. & Kaniewski D. (2015). The Mediterranean Basin and Southern Europe in a warmer world: what can we learn from the past? Frontiers Earth Science, 3 (28), 16 p.

    Riehl S. et al. (2012). Plant use in three Pre-Pottery Neolithic sites of the northern and eastern Fertile Crescent : a preliminary report. Vegetation History and Archaeobotany, 21 (2), 95-106.

    Swynghedauw B. (2018). Le désastre écologique selon... Saint François d'Assise. Bibnum, Sciences de la Terre, http:// journals.openedition.org/bibnum/1122

    White L. (1967). The historical roots of our ecologic crisis. Science, 155 (3767), 1203-1207.

    Nota : lien en rouge vers l'article en ligne - d'un clic

    Christian de Mittelwihr



    Notes :

    [1] Dans le présent texte, nous sommes avec des faits scientifiques et non dans l’exposition d’une opinion personnelle.

    [2] Un proverbe allemand… Wer nicht hören will, muß fühlen – Quiconque ne veut entendre doit subir;

    [3] Les réactions et manifestations contre la vaccination de la covid-19 sont un bon exemple : la réponse scientifique est donnée par l'INSERM. Et il faut souligner que ce sont les chercheurs Jacques Monod et François Jacob qui ont, pour la première fois, émis et démontré le concept de ce mécanisme, dans un article publié en 1961, qui leur valut le Prix Nobel.

    [4] Aussi, pour un scientifique spécialiste de l'Evolution et de l'Ecologie, la foi en Dieu se construit à partir de ses connaissances par une réactualisation - aujourd'hui on parle de mise à jour ou de nouveau logiciel - en continu de la Bible, dans le doute et l'humilité, loin des dogmes et de l'infaillibilité religieuses, toutes religions confondues... et en se demandant si le vrai Dieu-Créateur est le même que celui (ou ceux), Jehova, Dieu, Allah, prônés par ces religions.


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    Blogade 17 - Mise en ligne le  13 août 2021

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