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    Au Moyen Âge, l'Occident puisait dans la Bible son savoir sur l'Univers. Puis en 1543, Copernic jeta un premier pavé dans la cour de la théologie chrétienne, suivi par Galilée, et beaucoup d’autres jusqu’à nos jours. Notre planète n’est plus au centre de l’univers et l’homme une espèce parmi les autres, issue de l’évolution au sein des Primates. Et aujourd’hui la conception chrétienne de la Création ne correspond plus à la connaissance scientifique, ni les tentatives d’une sauvegarde de ce qui n’existe plus depuis des milliards d’années ; aussi, les croyants n’ont plus que le choix entre ignorer la Science ou perdre leur foi !

    L’évolution de l’univers ne peut plus être expliquée par la Bible qui date de plus de deux millénaires, ni par les religions. D’autant que les découvertes scientifiques récentes, notamment en biologie et en astrophysique [1], posent elles-mêmes la question de l’existence du Dieu Créateur, ce qui modifie fondamentalement les relations Science-Théologie. Un questionnement que des scientifiques sont les premiers à évoquer, hors théologie.

    Dès le siècle dernier, nos connaissances sur le temps ont bouleversé bien des concepts et des croyances : le temps permet l’évolution de l’univers et de tous ses composants, mais implique un commencement et une fin [2]. Néanmoins, avant l’apparition du temps, il existait déjà un espace qui n’était pas un chaos, mais une base d’organisation et de la matière.

    Dans la définition même de l’écologie (Haeckel, 1834-1919) [3], la science, l’espèce humaine, ou plutôt les espèces humaines, étaient et sont des espèces parmi les autres, alors que la notion d’environnement permet la domination de l’homme sur la Nature, selon le récit biblique et qui appliquée aujourd’hui est une fake-news biblique [4]. En ce dernier sens, la suprématie humaine a été traduite par le principe anthropique, un principe épistémologique proposé par l’astrophysicien Brandon Carter en 1974.

    Face à la rapide évolution de la connaissance scientifique, l’inerrance [5] s’étend de moins en moins au contenu historique, géographique ou scientifique de la Bible quand on l’applique à la période actuelle. Et c’est bien là que le conservatisme religieux met les églises chrétiennes en fragilité jusqu’au risque de leur disparition par refus de toute évolution dogmatique et de prise en compte des résultats scientifiques. La notion anthropocentrée de Dieu-Jehovah-Allah est à remettre en question avec le Dieu-Créateur et la place de notre espèce dans l’Univers, et, aussi à s’interroger sur la présence d’Elohim dans la Genèse, qui désigne aussi le Dieu des Juifs. L’interrogation de scientifiques sur la possible existence d’un Dieu Créateur de l’Univers, et au-delà, peut très bien se faire en dehors de la Bible et des religions, et d’autant plus que ces dernières restent dogmatiquement conservatrices, donc rétrogrades face au drastique changement écologique en notre période interglaciaire, presque totalement engendré par la domination humaine.

    Christian de Mittelwihr



    Quelques références

    Barreau H. (2009). Aperçu sur l'histoire de la notion de temps. Le temps, Presses universitaires de France, p. 3-20.

    Bento B.V., Dowker F. & S. Zalel (2022). If time had no beginning: growth dynamics for past-infinite causal sets. Classical and Quantum Gravity, 39 (045002), p. 1-32.

    Emig C. C. (2008). La naissance du temps et ses conséquences. In : Penser le temps... Actes du 129e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques (Besançon, 2004). Collection orientations et méthodes, 11. Éditions du CTHS, Paris, p. 51-62.

    Emig C. C. (2009). De la renommée à l'oubli : l'effet baudruche. In : "Célèbres ou obscurs : Hommes et femmes dans leurs territoires et leur histoire", 134e Congrès National des Sociétés historiques et scientifiques (CTHS), Bordeaux 2009, Résumés, p. 257.
    Publié in : Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_01-2010, p. 1-8 (2010).

    Emig C.C. (2019). Une église verte labélisée. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_02-2019, p. 1-7.

    Prigogine I. (1972). La naissance du temps. Bulletin de la Classe des Sciences, 58, p. 1189-1215.



    Notes :

    [1]  Rappelons que les résultats scientifiques connus par le grand-public ont généralement 20 ans de retard (ou plus) sur la connaissance scientifique (Emig, 2009).

    [2]  La théorie du Bing-Bang, pourtant souvent évoquée encore aujourd’hui, a été abandonnée (Emig, 2008, 2009).

    [3]  Voir Blogade 22 go

    [4]  Voir Blogade 17 go

    [5]  XXe siècle – emprunté du latin ecclésiastique inerrantia : qualité de la Bible de n’enseigner aune erreur. En théologie chrétienne et juive, l’inerrance biblique (ou simplement inerrance) est une position doctrinale selon laquelle la Bible ne comporte aucune erreur dans ses manuscrits d'origine, tant en ce qui concerne la foi et la vie du croyant qu'au sujet de l'authenticité du texte et des détails relatifs aux thèmes scientifiques, historiques et géographiques.



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    Blogade 25 - Mise en ligne le  26 novembre 2023

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