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  • Quelle espérance proposée pour les générations à venir ?

    Ancrée dans un long passé de civilisation judéo-chrétienne, notre société est confrontée à une évolution majeure de son environnement (suite du blog 23). Et pourtant, nous refusons depuis quelques décennies tout changement, au point de rejeter tout compromis en restant assis sur des dogmes d’autres siècles et un héritage millénaire obsolète, y compris nos avantages acquis datant du siècle dernier [1]. Aussi, si nous sommes incapables d’évoluer face aux longs changements en cours, quelle espérance pouvons-nous envisager, autre qu’une extinction de notre espèce animale ?

    Ainsi, face au changement écologique pour des milliers d’années à venir en cette période interglaciaire, nous sommes devenus enclin à espérer que rien ne bouge et que le gouvernement lisse tout changement par des subventions et réductions diverses. Vivre comme aujourd’hui serait ainsi le vain espoir sociétal pour demain.
    Face à un futur pourtant prévisible et bien établi par les scientifiques, nous persistons en l’ignorant, oubliant tout instinct de survie et comptant sur les autres pour continuer comme hier : c’est la meilleure façon de précipiter dans la pauvreté de plus en plus de personnes, car l’entraide et solidarité [2] auront de plus en plus de limites face à un appauvrissement généralisé, lié aux facteurs écologiques croissants en intensité, dont nous sommes les seuls responsables. Une baisse continue de notre production augmente nos dépenses (ce que nous cachons sous le mot inflation), alors que nos moyens financiers ne pourront pas suivre, sauf à aggraver encore notre vie quotidienne… et accroître la pauvreté [3].
    Une certaine réticence à la connaissance scientifique remonte au temps de chrétienté naissante, quand l’évêque Augustin d’Hippone [4] (354-430) dénonça le péché originel pour avoir croqué dans la pomme de l’arbre de la connaissance. Un dogme difficilement remis en cause par des églises chrétiennes, alors que, depuis des siècles, des parents demandent à leurs enfants à l’école de croquer à pleines dents dans la pomme de la connaissance pour avoir un meilleur avenir !

    Or, à lire le dernier rapport du GIEC [5], notre espérance s’obscurcit de plus en plus devant l’inaction conjuguée des citoyens, des organismes socio-économiques, des partis politiques, qui tous ne voient que leur lendemain, tout en s’étonnant des catastrophes de plus en plus violentes que notre frénésie consommatrice engendre : incendies, inondations, tempêtes et tornades, grêles, augmentation du niveau de la mer, sécheresse, voire des séismes qui, comme au Maroc, pourraient avoir été favorisés par l’assèchement des sols. Nous devrions et bientôt devront utiliser un langage approprié à ces événements qui n’ont plus rien de catastrophes naturelles, et les assurances sont entrain d’y remédiées [6].

    Quel message d’espérance peut encore être audible face à nos revendications du quotidien [7], qui, aggravant nos conditions écologiques, rendent nos envies-besoins de moins en moins réalisables [8] ? Car, à vouloir poursuivre notre folie consumériste, nous renchérissons notre vie un peu plus tous les jours : cette folie est à l'origine de 60 % des émissions de gaz à effet de serre, en plus d'utiliser entre 50 % et 80 % des ressources naturelles de la terre (eau, terres et matières premières). À mesure que le consumérisme augmente d’année en année, nos ressources naturelles tendent à baisser et les prix à augmenter : chaque année, nous consommons presque 2 fois ce que la Terre peut produit par an. Et pour combien de temps encore ?
    Et après un tel bilan, quelle espérance pour nos enfants et petits-enfants ?

    Christian de Mittelwihr



    Notes :

    [1] L’effondrement du communisme soviétique a définitivement supprimé les lendemains qui chantent !

    [2] La solidarité répond aux définitions : 1. Lien contracté par des personnes répondant en commun d'une obligation solidaire. 2. Dépendance mutuelle entre les êtres humains, existant à l'état naturel et due au besoin qu'ils ont les uns des autres. Elle implique des droits et des devoirs, mais pas d’obligations non choisies pour être solidaires.

    [3] Les médias ont commencé à alerter sur la baisse des dons, en oubliant de préciser que cela pourrait devenir une tendance, quand que les commerces auront moins de surplus qui, de toute façon, ont été payés par les clients, et que les citoyens peuvent et veulent être solidaires. Là encore un exemple d’un modèle hérité du passé et qui voit sa pérennité mise en question avec l’évolution de nos conditions écologiques, en l’absence d’une vision future (sauf ADT-Quart Monde https://www.atd-quartmonde.fr/theme/idees-fausses/).

    [4] Aujourd’hui Annaba en Algérie, aussi nommée Bône : mieux connu sous de Saint-Augustin.

    [5] Les scientifiques ne font pas du catastrophisme comme certains le voudraient : ils ne font que publier les résultats de leurs études et évaluent les conséquences prévisibles, en intégrant nos connaissances sur les centaines de millions d’années. Qui sait mieux ?

    [6] Comme exemple, les maisons qui fendent, parfois jusqu’à leur écroulement, suite à l’assechement des sols argileux par baisse du niveau de la nappe phréatique, liés à des arrosages et autres usages intempestifs d'eau avec assechement de cours d'eau.

    [7] Citons en quelques unes : blocage des prix pour pouvoir continuer notre consommation et des ventes en low-cost ; non augmentation des prix essence-gasoil pour pouvoir toujours continuer à circuler ; donner les moyens à tous de partir en vacances. Car nous voulons poursuivre notre vie héritée du passé. Quelle ignorance de notre proche futur et des événements qui nous nous préparons, ceux de ces derniers jour s ne sont que des prémices.
    Or, en ce mois de septembre 2023, les citoyens demandent au gouvernement une baisse du prix de l’essence pour pouvoir continuer à rouler comme tous les jours ! Trouvez l’erreur !

    [8] Certains démographes ont compris que la survie de plus 9 milliards d’humains sur Terre ne sera possible qu’au prix du changement totalement de notre mode de vie, enfin ! La communauté scientifique prône cette nécessité depuis 50 ans avec pour commencer bannir l’usage de tous les combustibles fossiles à effet de serre : pétrole, gaz, charbon... et faire une gestion drastique de l’eau.



    Références

    De Mittelwihr C. (2000). Et maintenant... si on se parlait un peu ? Echanges, n° 246 (octobre 2000), p. 12.

    Emig C. C. (2009). Science et Théologie : quelques bases pour renouveler le débat. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_01-2009, p. 1-6.
    Nota : Ce travail a fait l'objet d'une communication orale (même titre) au 131e Congrès National des Sociétés Historiques et Scientifiques: Traditions et Innovation (Grenoble, 2006). Recueil des Résumés des communications, CTHS, p. 90-91.

    IPP (2023). AR6 Synthesis Report: Climate Change 2023 - Synthèse du rapport du Giec [20 mars 2023 - en anglais].
    Un résumé en français est disponible à https://climat.be/changements-climatiques/

    Petit S. (1997). Christianisme et nature : une histoire ambiguë. Le Courrier de l'environnement de l'INRA, 31 (31), p. 23-28.



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    Blogade 24 - Mise en ligne le  19 septembre 2023

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