Echanges, n° 246 (octobre 2000), p. 12
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Et maintenant... si on se parlait un peu ? Il faut se parler pour communiquer. Cette lapalissade prête à sourire mais la confusion entre le monologue de l'information et le dialogue de la communication est une plaie dans nos projets ecclésiaux...
La confusion entre information et communication est assez commune ! Nombreux sont ceux, qui en informant, pensent communiquer, notamment dans les communautés ecclésiales. L'impact d'une information, telle une circulaire, un document, un bulletin paroissial, est rarement évalué, encore moins analysé ; dans ce cas à quoi sert l'envoi, parfois répété inutilement d'année en année ? Aurait-on peur de constater que l'information peut susciter l'indifférence, ou même le refus, d'autant qu'elle est toujours délivrée à sens unique. En effet, l'information fournit essentiellement des renseignements et transmet des connaissances, alors que la communication est relation, échange, réciprocité. Celle-ci est dialogue, ce qui met en cause la « lisibilité » du message, puissamment conditionnée par l'image de l'émetteur, pose implicitement la question de la réception du message et oblige donc à une réponse. Ces aspects sont souvent négligés, parfois redoutés, car ils mettent l'émetteur face aux réalités sociales. En d'autres termes, nos structures ecclésiales sont plutôt informantes (voire enseignantes) que communicantes et relationnelles, ce qui est de plus en plus refusé par la grande majorité de nos concitoyens qui découvrent de nouvelles expressions au travers les divers médias de communication. D'où la nécessité d'intégrer, à tous les niveaux de notre église, les nouveaux modes de communication afin de faire passer le message évangélique. Ne pas le faire c'est provoquer un sentiment diffus d'un hiatus culturel avec la société et permettre à d'autres, notamment aux sectes, de le faire à notre place. Dans la Bible, les appels au dialogue ne manquent pas et le message d'amour et d'espérance a toujours été communication, nous avons simplement fini par l'oublier et par nous couper des nouveaux langages pour l'exprimer, tout en sachant implicitement que ce message ne passera que s'il est phase avec le monde, donc, si l'on est attentif à l'évolution rapide de notre société. Nos structures ecclésiales sauront-elles en prendre réellement conscience, en tirer les conséquences et envisager les nouveaux enjeux et écueils ? L'information est « écriture », la communication, « parole » et celle-ci doit être réciproque et non enseignante, vivifiante et non dogmatique, libérante et non contraignante. La transmission des valeurs et de la culture chrétienne devient radicalement nouvelle, ce qui oblige à repenser l'organisation des communautés et structures ecclésiales, notamment en laissant à des professionnels (même s'ils sont bénévoles) prendre le relais dans des créneaux, de plus en plus nombreux, où les paroissiens ne peuvent plus œuvrer efficacement ; c'est une conséquence de la professionnalisation des connaissances et techniques, qui touche tous les échelons de notre société. Notre vie quotidienne et nos habitudes subissent une révolution qui va au-delà de notre imagination. « Au commencement était la Parole... toutes les choses ont été faites par elle... En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue » (Jean 1).
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