Numéro 3063 (22-28 janvier 2004) de

Ecologie

Les ménages et le changement climatique

 

Christian de
MITTELWIHR

 

 

 

 

 

 

© Réforme


    Le changement climatique induit par l’homme est un des défis environnementaux les plus importants pour l’humanité, car ce changement, inévitable, affectera négativement tous les systèmes socio-économiques. L’amplitude et durée des changements du climat terrestre dépendront de la demande énergétique. Mais tous les facteurs possibles ne sont pas encore connus.
    Ainsi, récemment, un nouveau phénomène démographique, la diminution de la taille des ménages, prend de l’importance dans la consommation de ressources et sur la biodiversité. Au cours des 30 dernières années, la moyenne de la famille est passée de 3,2 à 2,5 personnes dans les pays développés et de 5,1 à 4,4 dans les pays en voie de développement. Avec la démographie galopante actuelle, la diminution de la taille des ménages engendre un très fort accroissement de leur nombre.
    Dans les pays développés, la consommation en énergie a augmenté de 2,1 % entre 1970 et 1990 ; or, selon la croissance de la population, cette augmentation n’aurait dû être que de 0,7 %, mais la taille des ménages en explique 1,6 % (par exemple, un foyer de deux personnes consomme 17 % d’énergie en moins qu’une personne isolée). Cette fragmentation des ménages induit aussi des actions anthropiques à impact négatif sur la biodiversité, qui touchent en premier les pays en voie de développement, par accroissement de l’espace urbanisé et des activités associées, de la déforestation, des émissions de gaz à effet de serre (bien que 92 % de l’humanité ne dispose pas de voiture !). Certains pays sont particulièrement visés, comme la Chine, le Brésil ou les îles de l’Océan Pacifique, où le nombre de ménages a augmenté de 3,1 % par an, alors que la population n’a connu qu’une croissance de 1,8 % (1,3 % pour l’ensemble de l’humanité et 1,6 % dans les pays développés).
    Un fort changement dans les politiques démographiques, malgré le déclin mondial continu de la fertilité humaine, demeure un impératif pour une conservation globale de biodiversité. En effet, même quand la population décroît, le nombre de foyers augmente significativement, souvent une conséquence de l’agrandissement des villes et des moyens de consommation par tête.

Christian de Mittelwihr est directeur de recherches au CNRS.

 

 Publication reproduite avec l'accord exprès de la Rédaction de Réforme 

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