Numéro 2923 (20-25 avril 2001) de

Forum


Le changement climatique nous oblige à reconsidérer notre quotidien. Mais pouvons-nous ou voulons-nous l'admettre ?

Christian de
MITTELWIHR

 

 

 

 

 

 

© Réforme

Oh ! Que d'eau...


La montée de la moyenne de la température annuelle de quelques dixièmes de degré par an entraîne des modifications climatiques avec une tendance de plus en plus forte à la sécheresse dans le sud de l'Europe et bientôt de la France, et, en revanche, une augmentation de la pluviométrie dans le nord de la France et de l'Europe. Aucun expert ne sait où passera la ligne, mais elle coupera la France en deux : le Sud au sec et le Nord les pied dans l'eau.

Ce présent-futur est connu, répété, rabâché par les scientifiques du monde entier, et pourtant... quand surviennent les inondations sous l'effet des pluies devenues « normalement » surabondantes, fusent des raisons aussi diverses que farfelues. En tout cas, on ne peut faire appel à la mémoire de l'homme, car de tels phénomènes y sont absents, car nouveaux. Reste qu'il faut savoir accepter ce « fléau » qui est dû à nous-mêmes. Quand bétonnage, asphaltage, remembrement, suppression des haies, urbanisation incohérente, aménagement des cours d'eau, tourisme, etc., car la liste serait longue, sont brutalement confrontés à une forte augmentation des pluies, indirectement induite par l'effet de serre, il est parfaitement naturel que tout déborde, les paroles aussi ! Les prévisions vont vers une amplification des pluies dans les régions actuellement déjà inondées, et ni le premier ministre, ni le gouvernement, ni la région, le département ou le maire n'y pourront quelque chose.

Mais le citoyen oui !

Comment ? En réduisant l'effet de serre, en revoyant l'environnement, construire et reconstruire autrement et ailleurs, bousculer les mentalités. Une chose est déjà certaine, ces changements climatiques toucheront de façon disproportionnée les « pauvres », ceux ne disposant pas de capacités pour s'adapter. Une bonne raison pour que le réchauffement de la planète, et surtout ses conséquences, n'alarment pas que les experts.

Aussi le scientifique que je suis s'interroge sur l'opinion de ceux qui lisent ces lignes, car, contrairement au train, tirer le signal d'alarme ne semble en rien ralentir la trajectoire de notre société, ou bien suis-je vraiment myope en tirant sur la mauvaise poignée ?

Christian de Mittelwihr est directeur de recherches au CNRS.

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