Numéro 2903 (30 novembre - 6 décembre 2000) de
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Vers une nouvelle éthique dans un monde surpeuplé et surpollué ? MITTELWIHR
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Notre boîte de Pandore et le chiffre 0... Nous avons, nous aussi, ouvert notre boîte, tout comme le fit Epiméthée avec la sienne, celle de Pandore, en en laissant sortir tous les Maux. Avons-nous pensé qu'à vouloir faire trop de Bien, on finissait par faire Mal, que trop de biens engendraient des maux ? Pour tenter de conjurer ces derniers, nous avons « créé » le zéro, élevé au rang de chiffre mythique de notre société : - la règle du zéro défaut, - la loi du risque zéro, - l'économie du zéro stock ; le 0 mort. Et pas de doute que demain nous allons lui inventer d'autres applications. En attendant le zéro confirme la crise de la transmission des valeurs. Serait-ce la peur de l'Infini ou bien parce que le zéro est la valeur à partir de laquelle on bascule vers le positif ou le négatif, et, qu'autour de ce zéro, les actions positives des uns sont compensées par les réactions négatives des autres ? En fait, nous sommes à la recherche du consensus au plus près du zéro, basé sur la régulation, et l'autorégulation en particulier. Ferions-nous l'apprentissage d'un nouvel art de vivre dans un monde surpeuplé et surpollué ? Pourtant, dès que ce zéro descend vers le négatif, notre tendance est de rejeter la responsabilité de nos maux sur l'Autre, indifféremment notre voisin, les normales saisonnières, la pollution, la mondialisation, l'effet de serre, la vache folle, etc. ; dans ma lointaine jeunesse, il n'y avait que la faute à la bombe atomique ! Sans même nous en rendre compte, nous développons insidieusement une culture d'intolérance et de rejet envers tout ce qui pourrait ou peut provoquer la moindre gêne chez nous, à titre individuel ou collectif selon ce qui nous convient le mieux. À force de considérer que tous les maux doivent être éliminés (d'ailleurs sans évoquer et encore moins toucher à leurs causes), certains groupes socio-économiques s'octroient le droit d'actions illégales avec destruction des biens d'autrui ou de prendre la société en otage par des dérives de grève, en clamant que c'est la faute aux autres. Heureusement qu'au fond de la boîte, il reste encore, et toujours, l'Espérance... qui est la culture de l'ouverture, de la tolérance, du respect de l'Autre... ou plus simplement du « Aime ton prochain comme toi-même ».
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