Numéro 2900 (9-15 novembre 2000) de

Forum

Les changements climatiques nous obligent à reconsidérer notre comportement écologique.

Christian de
MITTELWIHR

 

 

 

 

 

 

© Réforme

Les catastrophes... ces événements bien ordinaires


Le réchauffement de la planète est entrain de modifier notre climat par déplacement des systèmes cycloniques. Nous en avons eu les prémices en décembre dernier. Le pourquoi et le comment sont encore difficiles à cerner. Mais, ce qui est sûr, c'est que le taux de gaz carbonique a augmenté de 40 % et celui du méthane a doublé depuis le début de l’ère industrielle. Et la température monte lentement et inexorablement, entraînant celui du niveau des océans.
Les conséquences sont des événements naturels, même si nous en sommes partiellement responsables, qui nous apparaissent comme des catastrophes. Deux exemples.

Les fortes tempêtes et leurs dégâts forestiers, les chablis (arbres abattus par la tempête), sont connus et répertoriés depuis le XVIIe siècle. Elles correspondent, à cause de leur caractère répétitif (jusqu'à présent tous les cinq ans environ), à des événements « ordinaires », d’autant que des raisons simples expliquent leurs conséquences. La forêt française est exploitée par parcelles d’arbres de même essence, de même âge, en rangs serrés pour un développement en hauteur au détriment des racines ; le remodelage des forêts, comme la création de parcelles agricoles en leur sein, soumet soudain les arbres à l’orée à l’action des vents. La sylviculture française, contrairement à celle de la Suisse, n’a pas intégré le facteur vent à la gestion des forêts.

L'autre exemple vient de ces derniers jours, les pluies, de plus en plus torrentielles. Elles sont une conséquence directe du réchauffement et le phénomène devrait s'amplifier dans les années à venir avec un déplacement vers le Nord, engendrant depuis le Sud des sécheresses qui seront considérées à leur tour comme « catastrophiques ». L'Espagne et la Grèce sont déjà touchées.

Ces événements qui se déroulent principalement en fin d'été, automne et hiver, seraient bien ordinaires si nous avions «construit » pour les subir ou les contenir. Les changements climatiques vont donc, de gré ou de force, nous obliger à revoir tout notre environnement. Il ne faudra plus reconstruire sinon construire autrement.

Nous vivons une époque qui bouscule toutes nos mentalités héritées des siècles précédents. Et en plus, la nature se rappelle à notre quotidien : brûler du pétrole n'est pas innocent et peut coûter bien plus cher qu'à la pompe... à essence !

Christian de Mittelwihr est directeur de recherches au CNRS.

dans " Réforme " ... mon  article suivant  ou  précédent

 Publication reproduite avec l'accord exprès de la Rédaction de Réforme