Numéro 2897 (19-25 octobre 2000) de

Forum

Au nom du sacro-saint marché, les vérités écologiques doivent être étouffées.

Christian de
MITTELWIHR

 

 

 

 

 

 

© Réforme

Effet de serre sur Lyon... vrai ou faux ?


Á Lyon, les représentants de 168 Etats ont tenté de s'entendre pour lutter contre les émissions de CO2 dans l'atmosphère. Alors que les scientifiques restent sur leur réserve quant à affirmer que c'est l'activité humaine qui est responsable de l'augmentation globale des températures, les politiques eux en ont la certitude.

Si les grandes fluctuations climatiques sont connues depuis des centaines de millions d'années, celles relatives aux dernières générations humaines restent difficiles à déterminer. Prenons les variations de températures : nos données (au niveau mondial) ne couvrent qu'une centaine d'année et uniquement à Paris ! Et celles suffisamment précises pour des analyses statistiques ont moins de 50 ans, car les variations sont bien inférieures au degré.

Entre 1960 et 1990, les cycles de températures étaient de l'ordre de 10-15 ans, mais, depuis 1990, les températures augmentent régulièrement d'année en année. En conséquence, la réserve des scientifiques provient de l'absence de données permettant de proposer des hypothèses scientifiques.

Dès lors, le débat devient géopolitique. Pour que le Protocole de Kyoto s'applique, il faut qu'il soit ratifié par 55 pays : ils sont 33 pour l'instant, tandis que 83 pays l'ont signé, mais se sont bien gardés de le ratifier, notamment les pays européens et les Etats-Unis. Ces derniers émettent des gaz à effet de serre représentant plus de 36 % du total planétaire : pas étonnant donc que quelque 17 000 scientifiques de ce pays réfutent les preuves du réchauffement planétaire, car la plupart des recherches sont financées par des agences gouvernementales !

A se demander si la situation n'est pas semblable à celle de la fameuse crise de la fin de l'ère secondaire, , des pressions politiques et scientifiques avaient mis sur la touche tous ceux qui tentaient de contredire l'hypothèse de l'explosion d'une comète sur la terre, hypothèse qui s'est avérée fausse depuis. Pire peut-être, car les enjeux ne sont pas du tout les mêmes.

Ainsi, pour pouvoir continuer à prôner les vertus de la croissance et du marché mondial, certains américains vont jusqu'à affirmer que les principales prédictions faites par des écologues au cours des trente dernières années étaient non seulement inutilement catastrophiques, mais encore remarquablement fausses ! Toute vérité n'est pas bonne à dire.

Christian de Mittelwihr est directeur de recherches au CNRS.

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 Publication reproduite avec l'accord exprès de la Rédaction de Réforme