Numéro 2869 (6-12 avril 2000) de

Forum

Á la suite de la récente réunion du Conseil mondial de l'Eau. Christian de MITTELWIHR             © Réforme

Eau, oh ! Dans les 25 ans à venir, l’humanité va s’accroître de 3 milliards d’habitants ce qui, selon le Conseil Mondial de l’Eau qui s’est réuni la semaine dernière, se traduira par une augmentation des besoins en eau de 17 % pour l’agriculture, de 20 % pour l’industrie et de 70 % pour les besoins domestiques. Le problème ou plutôt la carence de l’eau va devenir tellement crucial, ou simplement vital, que les solutions pour le résoudre fusent de partout à penser que les idées (des rêves ?) sont plus faciles à émettre que de manier une calculette... En chiffres brefs : eau disponible = 15 000 km3/an, eau consommable = 12 500 km3/an mais seulement 10 000 sont facilement disponibles, eau actuellement utilisée = 7 400 km3/an qui se répartissent globalement en agriculture 65 %, industrie 22 % et besoins domestique et collectif 13 %. Chaque français consomme 1700 m3/an, dont moins de 5 % correspondent à son usage personnel et 30 % au maintien de l’écoulement de l’eau dans les rivières et fleuves jusqu’à la mer (pour ne pas répéter la catastrophe de la mer d’Aral). Dès lors, un litre d’eau de notre robinet n’est qu’une goutte de notre consommation réelle qui, elle, est faite au travers des produits que nous achetons, de la baguette de pain au kilo d’oranges. Economiser l’eau, comme toute autre ressource naturelle, se relève être du choix populaire et du comportement citoyen, moins pour la France elle-même que pour les produits agricoles et industriels que nous importons notamment des pays sous-développés. Car, des études ont montré qu’à partir de 1000 m3/an par habitant, une population est en pénurie chronique et soumise à un stress permanent, que les habitants de 50 pays disposent de moins de 600 m3/an, que 1,2 milliard de personnes n’ont pas un accès régulier à l’eau potable ! Et ne pensons pas que cela ne touche que les autres, car la réserve hydrique de l’Espagne est à 51 % de sa capacité et la situation, sans être alarmante, devient préoccupante. Alors de l’eau pour combien ? Pour moins de 6 milliards d’habitants, mais sommes déjà au-delà ! Voulez-vous vraiment connaître la solution ? Une fois encore, notre démographie galopante et incontrôlée nous emmène vers un futur dont nous ne voulons toujours pas entrevoir la réalité. A se demander jusqu’à quand allons-nous nous donner bonne conscience ? Christian de Mittelwihr est directeur de recherches au CNRS. dans " Réforme " ... mon  article suivant  ou  précédent