Numéro (2-8 mars 2000) de
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Si la France veut respecter l'engagement de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre... MITTELWIHR
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Faut-il doubler le prix des carburants ? L'annonce, au cours de ces derniers jours, de l'augmentation du prix du baril de pétrole devrait remettre en avant les interrogations sur l'avenir énergétique de l'humanité. Au plan mondial, deux types de scénarios ont été proposés pour les cinquante ans à venir. Celui du Conseil Mondial de l'Energie aboutit au triplement de la consommation énergétique mondiale entre 1985 et 2060, et, malgré le progrès des énergies renouvelables, il y aura un recours accru aux ressources fossiles et au nucléaire. Le second scénario provient du Programme Interdisciplinaire de Recherche Sur l'Energie et les Matières premières du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) : la consommation n'est multipliée que par 1,6, et, si l'appel aux énergies renouvelables est similaire, la réduction joue sur les énergies fossiles et nucléaire, pour envisager de pouvoir s'en passer (du nucléaire) à l'aube du... XXIIe siècle ! En nous limitant à la seule France, trois scénarios S1, S2 et S3, ont été établis par le Commissariat Général au Plan. Seul le dernier, S3, prend réellement en compte l'environnement et permettra à la France de respecter l'engagement de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre sans avoir à mettre en jeu les permis d'émission. Mais, pour cela, il faudra avoir recours à un fort accroissement du prix des carburants (30 % pour l'essence et 80 % pour le gazole) entre 1990 et 2010. Il n'est donc pas étonnant que les pays développés qui accaparent déjà 70 % de l'énergie disponible, et en premier les Américains, vont tenter de s'opposer à cette augmentation. Or, il s'avère qu'une énergie rare et chère incite à l'économie. Ainsi, les Français à niveau de vie quasi égal consomment trois fois moins d'énergie que les Américains.
Les arguments des pays riches pour s'y opposer ne manquent pas, bien qu'ils soient souvent démagogiques. Par exemple, ceux de nos pêcheurs et camionneurs : il est en effet plus facile de jouer le refus plutôt que d'avoir un comportement citoyen et envisager d'ajuster au mieux les dépenses face au défi de l'avenir énergétique de l'humanité. Saurons-nous faire une nouvelle révolution... culturelle et économique ? |