Echanges, n° 258 (décembre 2001), p. 14
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Notre lutte contre le terrorisme est-elle à sens unique ? Une action hors du commun à New-York na guère fait remettre à la une les actes terroristes menés par des chrétiens en Europe même, actes qui ne font plus que des entrefilets, et encore, dans les médias. Des chrétiens, le dimanche à loffice (quil soit catholique, protestant ou orthodoxe) en Corse, en Irlande, au Pays Basque, dans lex-Yougoslavie..., tuent, posent des bombes, appliquent la loi du talion, rejettent l « étranger » pendant la semaine. Et le dimanche suivant, ils obtiennent la justification et labsolution, voire la bénédiction de leurs actes par des structures ecclésiales complices, peu disposées à leur prêcher la paix et la justice, simplement lEvangile. Lusage de la religion chrétienne face aux terroristes « internes », comme des mafias, est pour le moins ambigu, dautant quil est politiquement plus gratifiant daller diaboliser lIslam. Si nous commencions par la paille avant daller bombarder la poutre ? Le rejet du terrorisme commence par le refus den être complice. Savoir donner lexemple, pas seulement en allant le dimanche au culte, mais aussi durant la semaine dans nos relations professionnelles et privées, en donnant la priorité à la considération, à la solidarité, au partage, à lespérance et en se mettant au service de la communauté humaine. Les actes sont plus difficiles que les paroles. Lengagement a un prix qui est parfois celui de sa vie.
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