Le temps mondial est issu de l’accélération des processus de mondialisation économique, sociale, culturelle et religieuse en se fondant sur deux observations : la compression de l’espace et l’intensification des interrelations. Ainsi, la dynamique de l’échange, tant des biens que des services, prend le pas sur la dynamique de la production. L’adaptation passe non seulement par une prise en compte de l’accélération du temps qui a été révolutionné par la fusion entre l’informatique et les télécommunications, mais aussi par celle du juste temps. Ces changements apportent de nouvelles légitimités politiques, sociales, culturelles avec le marché comme régulateur : les systèmes flexibles sont valorisés au détriment des systèmes rigides. Le temps réel s’impose sur l’espace réel : c’est en gagnant du temps que l’on s’ouvre de nouveaux espaces. Ainsi se concrétisent ces réalités toujours réfutées « vite et bien » et « vitesse et précipitation » qui se traduit aujourd’hui par « vitesse et rapidité » !
Ceux qui auraient le sentiment de vivre des temps nouveaux avec des changements qualitatifs importants ont tort, car cela n’est pas inédit. Le passé est rempli d’exemples jusque dans l’Antiquité. Quant à la période actuelle, elle ne fait que se poursuivre depuis les mutations scientifiques, technologiques et artistiques de la fin du XIXe siècle. Les opposants ont toujours existé : par exemple, le téléphone était interdit à la Hofburg de Vienne, ailleurs la lumière électrique était réservée à la rue et aux bourgeois… l’un et l’autre menaçaient la hiérarchie sociale et impliquaient déjà le temps et l’espace. Quelle similitude avec Internet.
L’événement précède toujours nos réflexions, sauf pour ceux qui le créent. Et aujourd’hui, la seule question est « comment vivre dans ce temps nouveau ? ». Y répondre rapidement est aussi empêché ceux qui veulent se servir de lui à leur propre avantage. Pour cela, il faut être adaptatif et se rappeler que le temps l’emporte sur l’espace, sans oublier que ce temps tendra vers un nouvel ordre mondial qui s’efforcera de soumettre la diversité à l’unité, le local au global.
Et pourtant, le temps mondial est un imaginaire qui pour exister ne peut se développer qu’à travers des conciliations culturelles, religieuses, politiques ou territoriales. Bien des interrogations ecclésiales récentes ne peuvent trouver réponse qu’au-delà de la structure locale et nationale. L’effort à faire n’en est que plus difficile, mais il est légitime.
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